Interview Dust In Mind

Publié le par Sebmetal

En ce dimanche 3 juin, je réalise l'interview de Dust In Mind à peine plus d'une heure après un énorme concert de leur part à Besançon en première partie d'Arch Enemy.


Bonsoir, Dust In Mind

Jen (chant) : Bonsoir !
Damien (guitare / chant) : Salut !

Pouvez-vous tout d'abord présenter le groupe ?

Damien : Non ! Alors Dust In Mind est né il y a quatre ans, à Strasbourg. On peut parler de metal avec des touches indus. Pour situer un peu le groupe on va être dans la veine de Korn, Gojira, Lacuna Coil.
Jen : Et Pain.

Damien : Oui et Pain beaucoup pour les touches Indus.

Vous avez déjà deux albums, un troisième en prévision, plusieurs clips et des vidéos (acoustique, reprise de Korn). Vous considérez-vous comme un groupe hyperactif ?

Damien : Le groupe en lui même je ne pense pas mais moi je le suis.
Jen : On reste actif car tout le monde peut monter un groupe aujourd'hui, on doit proposer du contenu de manière très régulière pour ne pas tomber dans l'oubli. Si le groupe peut paraître hyperactif ce n'est pas le cas, on veut juste ne pas se faire oublier et proposer du contenu aux gens.
Damien : C'est ça, aujourd'hui il faut une certaine constance pour pouvoir grandir et c'est ce que l'on essaye de faire au maximum.
Jackou (batteur) : Il faut toujours proposer du contenu. On voit des groupes qui arrêtent de proposer des choses pendant six mois voire un an. Lorsqu'ils ressortent un album c'est presque comme s'ils recommençaient à zéro.
Damien : Il faut toujours rester présent.

Oblivion (2017).

D'un point de vue extérieur, vous êtes toujours présents.

Jen : On essaye.
Damien : Bon ça va alors (sourire).

En plus de votre musique vous proposez tout un univers visuel (lightshow, tenues de scènes, backdrop). Est-ce pour vous complémentaire à votre musique ou tout aussi important que vos morceaux ?

Damien : Je pense que ça dépend du point de vue. Du point de vue du public, de manière générale c'est tout aussi important. Les spectateurs lorsqu'ils viennent à un concert, de manière très générale, vont voir un spectacle. Pour nous la musique passe en premier et le spectacle est un plus. On essaye de travailler et de proposer quelque chose à ce public qui a besoin de visuel.
Jackou : Lorsqu'on commence un groupe, on va jouer dans des bars lorsqu'on a un set de prêt et on s'aperçoit très vite que ça a ses limites même si on s'éclate. Lorsque l'on est amené à jouer en première partie d'un très gros groupe, tu vois que ce groupe a un gros jeu de scène, un équipement monstrueux en plus d'avoir un son de dingue. Tu te sens ridicule lorsque tu les regardes, il faut se mettre à niveau même si c'est difficile puisque l'apport financier n'est pas le même, l'expérience n'est pas la même non plus.
Damien : L'équipe n'est pas aussi complète etc C'est un monde différent.
Yann (guitare) : Tout dépend du style, certains groupes n'ont pas besoin de proposer du visuel comme nous le faisons.
Damien : Dans notre style, on a besoin de proposer un spectacle. Si on est en support d'Arch Enemy sur ces deux dates (Strasbourg et Besançon 2 et 3 juin 2018) c'est grâce à cette constance. Tes questions sont très pertinentes, on est sorti un peu du lot grâce à cette volonté de proposer un spectacle. 

Scène Dust In Mind.

Vous avez votre propre ingé son, ingé light ?

Damien : Ingé light, non tout est synchronisé, je programme tout. Ingé son oui, il est juste à ta droite (rires).
Jen : Et c'est notre manager.
Damien : En plus il nous aime pas et c'est un connard (rires). 
Jen : On a été habitué à être seul. On ne peut pas se permettre d'avoir une grosse équipe. On fait un peu tout nous même. On gère notre équipement de manière à être un maximum autonome. Comme Damien l'a dit, il a programmé toutes les lumières. Pour le son on essaye de tout gérer en amont pour s'en sortir si on est amené à être seul. 
Damien : C'est exactement ça, surtout lorsqu'on est amené à jouer à l'autre bout de la France. C'est bien d'être autonome, le but n'est pas de faire banqueroute. C'est pourquoi il y a ce processus, on travaille beaucoup pour proposer un spectacle et faire de mieux en mieux à chaque fois.

On va parler de darkTunes, votre label. Il vous apporte une bonne visibilité.

Damien : Fais gaffe à ce que tu dis, il est là. Si tu dis une bêtise il va te frapper (rires).

Je n'ai presque pas peur, pensez-vous continuer avec ce label ?

Damien : C'est une question un peu "bâtard". On veut travailler absolument avec Raphäel le boss. Humainement on s'entend extrêmement bien, on a la même vision des choses et on travaille comme des forcenés. On veut grossir et avancer ensemble. D'un autre côté, ça dépend comment ça va grossir pour le groupe et le label. On travaille main dans la main et on s'élève ensemble. Théoriquement on devrait rester chez eux et si nous sommes amenés à changer, ce mec sera notre manager quoiqu'il arrive.
Jen : Une très bonne relation s'est établie entre nous dès le début, nous sommes vraiment contents d'être avec ce label.
Damien : La relation fait 80% de la chose.
Jen : On connait peu de groupes qui parlent de leur label comme nous pouvons le faire. 
Damien : La majorité des groupes paye et il ne se passe rien alors que nous avons quelqu'un qui bosse et avec qui on avance. Il ne prend pas l'argent pour partir en vacances et rigoler.

Pas encore !

Damien : (Rires) On ne gagne peut-être pas assez d'argent. En 2019 on va le voir sur toutes les îles et on sera comme des cons (rires).

Votre troisième album sort à l'automne si je ne dis pas de bêtise. Vous pouvez en parler un peu ?

Damien : C'est ça, en octobre si tout se passe bien. On a fait deux nouveaux morceaux ce soir. L'un d'entre eux est le premier clip du futur disque et un autre je ne sais pas si tu as remarqué.

Damien et Jen, photo par Tarakum Karol Makurat.

Oui, en troisième ou quatrième position.

Damien : Oui c'est ça, dans le premier tiers du live. On a vraiment beaucoup travaillé sur cet album et de s'ouvrir davantage musicalement. On a tenté des trucs, ça sera encore très dynamique, plus lourd et plus groovy pour résumer vaguement.
Jen : Pour les textes, on se penche davantage sur les causes environnementales.
Damien : C'est important de dire qu'on est des cons !

Non, ça a l'air d'aller (rires). Jen est-ce que tu vas growler sur cet album ?

Jen : Non, c'était mon projet. J'ai envie de me mettre au chant growl depuis des années. Je ne suis pas encore au point et j'ai beaucoup à travailler mais ce sera l'objectif pour l'album suivant.
Damien : Elle y arrive très bien en fait c'est juste arriver à avoir la constance. Sur scène lorsqu'on échange les deux chants c'est assez difficile à gérer. Il faut juste travailler comme un instrument. Si ça se trouve t'en auras un sur l'album.
Jen : Tu verras.

Donc y en a un ! (rires)

Damien : On verra, même nous on ne sait pas ! Suspense. On a plein d'idées en tout cas. 

Vous avez tourné avec Pain pendant trois semaines en 2017, pouvez-vous nous en parler ? C'est un groupe qui vous tient à coeur.

Jen : C'est Peter Tätgren de Pain et Hypocrisy qui a donné envie à Damien de faire de la musique. Lorsqu'on a formé Dust In Mind l'un de nos objectifs était de jouer avec Peter. Lorsqu'on a appris qu'on allait tourner avec Pain c'était du pain béni. C'était dans les pays de l'Est, les gens n'ont pas beaucoup d'argent mais ont un gros coeur. Il se lâchent et sont à fond. C'était une super tournée, on partageait le Tour Bus avec Pain. Ce sont des bisounours, Damien était très content de voir que son idole était une personne très humble.
Damien : C'est ça, c'est un père. Il respecte les gens et c'est quelqu'un d'exceptionnel. Ce n'est pas parce que je l'aime beaucoup, c'était une surprise pour moi. Peter aurait pu être une rockstar, vu son statut il pourrait le faire ça serait un con mais c'est exactement l'opposé ! Il venait voir si ça allait, si on avait bien dormi, si on avait assez de place pour le merch etc. Il est vraiment trop cool.
Jen : C'était notre premier gros tour avec le groupe qui a le plus influencé Dust In Mind. On est conscient d'avoir eu énormément de chance d'être avec eux. Pain faisait tout pour que l'on soit traité le mieux possible, ça ne se passe pas toujours comme ça. C'était parfait ! Pour l'anecdote on est resté coincé dans notre Tour Bus pendant 33h en Ukraine pendant une tempête de neige.
Damien : Dans les champs, on ne sait pas pourquoi on était là.
Jen : Le chauffeur avait décidé de sortir de l'autoroute parce qu'elle était bloquée à cause de la neige sauf que les routes de campagne étaient encore moins déménagées. On était embourbé pendant 33h, on avait juste un litre cinq de vodka avec un pousse pousse dessus. On n'avait rien à manger.
Damien : C'était vachement fun !
Jen :  Sur le coup on rigolait pas (rires).
Damien : On a utilisé la vodka et après tout allait mieux. On a bien rigolé au final.

Vous avez ouvert pour des très gros groupes comme Arch Enemy ou encore Machine Head. Comment préparez-vous de tels concerts ? (On entend dans la salle le début de "We Will Rise" d'Arch Enemy)

Damien : Je peux laisser les autres répondre.
Xavier (basse) : Je pense que peu importe la taille de la salle, qu'il y ait dix ou dix mille personnes devant nous on donne tout dans tous les cas. On est rôdé, on travaille pour. Quand les gens te voient ils doivent se dire "J'ai jamais vu ça ailleurs".
Yann : Tu abordes tous les concerts de la même façon, il faut tout donner malgré les problèmes éventuels qui peuvent survenir. 
Xavier : Qu'il y ait du monde ou non, c'est constructif et tu apprends.
Jackou : Des opportunités comme on a eu hier et aujourd'hui sont relativement rares et on les saisit dès qu'on peut. On donne toujours notre maximum. Dans l'avenir on ne sait pas avec qui on jouera.
Damien : Pour l'instant c'est plutôt positif. Nous verrons pour le prochain album, ça devrait bien se passer. On va réussir à faire mieux à chaque fois, on peut encore grandir !

Dust In Mind à Besançon, une heure avant l'interview.

Avez-vous commencé à booker 2019 ?

Jen : On a quelques pistes.
Damien : On travaille sur le booking de manière très générale, les festivals, à gauche, à droite mais rien de spécifique encore. Lorsqu'on aura une nouvelle musique sur internet, l'album sorti on lâchera tout ce qu'on a.

Une tournée en headliner en Europe pour 2019 est-elle envisageable ?

Damien : On ne peut pas être prétentieux à ce point. On a un petit nom ok mais on ne va pas générer assez d'intérêt pour accomplir ça. Je pense que ça pourrait marcher à quelques endroits mais pas pour faire un tour complet. Il faut que ce soit plus concret !

Vos dernières claques en live et ou en album ?

Damien : Leprous, j'ai trouvé ça excellent, une énorme claque ! Ce n'est pas du tout mon style à la base et d'habitude je m'en fous mais eux ils ont un truc ! Ce chanteur est incroyable.
Jen : Leprous aussi, j'ai fait écouter à ça Damien et il a accroché. Sinon cette année Jinjer.

Vous avez joué avec eux l'an passé.

Jen : Exactement
Damien : Oui très bonne surprise, ça joue à mort. Sinon il y a Benighted que j'ai revu récemment. J'avais un peu peur comme le line up a pas mal changé ces dernières années et qu'il ne reste que Julien (Truchan), c'est le dernier des Mohicans. J'avais peur que ça faiblisse et au contraire je me suis mangé une tarte. Il m'a explosé la tête le mec, j'adore ce gars !

On adore tous Julien.

Damien : Qui ne l'aime pas, c'est vrai.
Xavier : Des petites claques j'en prends assez régulièrement.
Jackou : Genre comme ça (il donne une claque de Xavier, tous rient)
Xavier : J'ai toujours soutenu Kadinja que je trouve excellent.
Jackou : Korn m'a bluffé même en open air tout y est, c'est impressionnant !
Damien : C'est une hyper production, je suis entièrement d'accord ! C'est la renaissance, la drogue l'avait un peu trop défoncé et là j'ai le sentiment d'avoir à nouveau mes 13 ans et d'avoir les premiers albums. Il est de nouveau taré et la production est cent fois au dessus par rapport aux années 90. C'est toujours une gifle.
Jackou : Periphery également, je les ai vu trois fois et c'est de mieux en mieux. Ils ont le son, les compos. On aime ou pas mais sur scène c'est propre et carré. Ils ont progressé au niveau des lives.
Yann : Je me prends régulièrement une claque en écoutant la discographie de  Devin Townsend que ce soit avec Strapping Young Lad ou Devin Townsend Project. Sinon le dernier album de Kadinja Ascendancy, ok c'est technique mais c'est toujours recherché musicalement et il y a plein d'émotions.
Jen : C'est assez drôle parce qu'à part Korn on a tous pris des claques avec des groupes qui ont des tendances progressives, modernes et techniques. Il y a une grosse vague technique, on apprécie mais on fait tout le contraire sur scène. On préfère faire quelque chose d'efficace et direct alors qu'on aime bien écouter d'autres choses. Ce serait ridicule d'écouter du Korn et faire du Korn, écouter du Pain et faire du Pain. Je vais faire une aparté y a pas mal de musiciens qui lorsqu'ils commencent à faire pas mal de concerts arrêtent d'aller voir les autres groupes, ils oublient d'être des fans de musique on trouve ça vraiment dommage. On prend du plaisir à aller voir des formations dans des bars et les soutenir. Même si on va être un peu plus dans l'analyse et un peu moins dans le ressenti nous n'avons pas envie de perdre ça. On écoute des styles variés.

Je vous laisse conclure.

Damien : Euh pouet (rires).

C'est bien ça !

Damien : Merci pour l'interview, fais en plus ! Continue ton blog, c'est très bien !
Tous :  Merci !

Petite photo souvenir juste après l'interview réalisée à Besançon, mai 2018.

http://www.dustinmind.com/

https://www.facebook.com/DustInMindMusic/

Publié dans Interviews

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article