Interview Lost Ubikyst In Apeiron

Publié le par Sebmetal

En 2014, sortait Abstruse Imbeciles Nailed On Slavery, un album composé, enregistré, mixé et masterisé par Manu. Manu s'était occupé du chant, des guitares, de la basse et de la programmation de la batterie. Unanimement reconnu par les médias spécialisées il fallait faire une interview de l'homme orchestre, connaître son ressenti deux ans après, son actualité et son futur.

 

 

Bonjour Manu, bonjour Gaby, merci pour cette interview. Manu peux-tu présenter ton parcours musical ?

 

Manu : J'ai commencé très jeune, mon père enregistrait plein de choses à la radio. En tant que musicien ça commence en mars 1988, je retrouve une vieille guitare de mon père j'essaye de gratouiller dessus. La première chose que j'ai trouvé sur une guitare était « The Clairvoyant » d'Iron Maiden. À partir de là j'ai décidé de trouver une guitare électrique. Je m'en suis acheté une en janvier 1991 avec mes propres moyens notamment avec l'argent reçu à noël. À partir de là j'ai joué pendant trois ans entre quatre et sept heures par jour ce qui a affecté ma scolarité (rires). J'ai fait un premier groupe avec des copains de la région qui s'est arrêté, j'en ai refait un autre ensuite. À un moment donné je me suis rendu compte que j'allais être plus servi seul qu'avec un groupe. J'ai, donc, enregistré tout seul une démo en 1997, une démo avec Mikaël des Shades Of Syn en 1999. En 2000, j'ai formé un groupe de prog.

Gaby : The Gateway.

Manu : The Gateway oui, le groupe a splitté en 2006 de mon fait, on avait sorti un album cette année là. C'est à partir de là que Lost Ubikyst In Apeiron a existé, c'est la suite illogique de The Gateway. Voici mon parcours musical, 28 ans de musique.

 

Et toi ton petit parcours ?

 

Gaby : J'ai commencé la guitare il y a 7-8 ans. Au bout de deux ans de guitare j'ai fait un groupe avec mon petit frère et des amis, on faisait des reprises de Metallica, Rage Against The Machine ce n'était pas très original. Deux ans plus tard j'ai intégré Chronic à Besançon, le groupe a vécu trois bonnes années avec pas mal de changements de line up. J'ai quitté le groupe il y a environ un an pour rejoindre Manu et Lost Ubikyst In Apeiron en tant que bassiste, c'est un instrument qui me passionne particulièrement en ce moment.

 

Tu as mis sept ans pour sortir ton album, peux-tu revenir sur les différentes étapes qui ont permis à ce disque de voir le jour ?

 

Manu : Il y avait des morceaux qui existaient à l'époque de The Gateway. J'avais déjà mis au point des titres qui se sont retrouvés sur l'album. Puisque je n'étais pas limité par d'autres musiciens, lorsque j'ai abandonné The Gateway (21 juin 2006), j'ai décidé de poursuivre, je n'avais pas de projet bien particulier mais je savais que ça allait devenir plus extrême que The Gateway. À partir de 2006 j'ai mis en place les morceaux, ceux-ci se sont mis en place tout autour du processus d'enregistrement. Au cours de l'élaboration de l'album, les titres n'ont jamais cessé d'évoluer, d'être améliorés. J'enregistrais, je composais et je masterisais en même temps. Le principal problème est qu'il faut avoir du recul sur ce que l'on fait. Pour ça, il faut écouter des centaines de fois ce que tu joues pour voir si tu ne t'en lasses pas. Si tu ne t'en lasses pas c'est bon. À chaque fois que j'avais quelque chose : un riff, une mélodie ou une ambiance qui n'allait pas je remédiais à ça. J'ai décidé de tout remettre en cause, le mieux est l'ennemi du bien et j'ai décidé de faire toujours mieux à chaque fois. Aujourd'hui je ne reviendrai pas sur ce que j'ai fait, c'est très bien et il n'y a rien à retoucher.

 

Abstruses Imbeciles Nailed On Slavery (2014)

 

As-tu connu des moments de doute ?

 

Manu : Il n'y a eu presque que ça, il faut écouter sans arrêt ce que tu fais pour être sûr c'est juste provoquer des moments de doute. Il fallait qu'il y ait du doute pour être certain de faire quelque chose de bon ! Les moments de doute représentent 80% du temps, parfois j'avais, carrément, envie de supprimer un morceau et trois jours plus tard « ah non y a peut-être moyen de le garder, d'arranger cet aspect là, enlever, rajouter ça ». Je pense que ça devrait être majoritaire dans la plupart des groupes ce qui permettrait aux formations de faire une musique plus personnelle. Comme le préconise l'album de Morbid Angel Gateways To Annihilation « Remettez en question ce que vous pensez, à propos de tout et n'importe quoi ».

 

T'es-tu dit à un moment « Je ne vais jamais parvenir à sortir ce disque » ?

 

Manu : Des fois oui, lorsque tu ne trouves pas les bonnes idées, tu as remis en cause tellement de choses, tu n'arrives pas à finaliser les choses. C'est un mot qui existe dans l'abécédaire que le batteur de Svart Crown a écrit (Éditions Camion Blanc) Il y a marqué « Terminer ». Terminer un album c'est une merde sans fin lorsque tu n'as pas de deadline au niveau temps et du budget tu ne termines, pour ainsi dire, jamais. J'ai mis sept ans à le faire, ça aurait pu prendre deux ans mais ça aurait été moins bon.

 

Tu disais tout à l'heure que tu ne changerais rien à Abstruses Imbeciles Nailed On Slavery, quel regard portes-tu sur ce disque deux ans après ?

 

Manu : C'est un accomplissement, j'ai tellement bataillé pour le finir tel qu'il est. Je ne savais pas dans quelle direction j'allais mais je savais ou il fallait surtout pas aller. Ça fait comme un entonnoir, il y a une direction qui apparaît d'elle même et c'était la bonne. Certains musiciens disent « J'aurais du faire ci et faire ça ». Dans cet album i y a des défauts au niveau du son, les guitares saturent un petit peu.

Gaby : "Tel passage va moins bien", "ça aurait pu être mieux ici".

Manu : Exactement, j'aurai pu mieux jouer, mieux chanter. Dans l'état dans lequel je me trouvais avec les capacités que j'avais je n'aurais rien à changer, ça doit refléter l'instant T. Il aurait été possible d'attendre neuf ans supplémentaires pour le parfaire davantage. J'ai commencé cet album à 31 ans et il est sorti quand j'en avais 39, ça doit paraître à un moment donné. Le disque lorsqu'il est sorti était quasiment fini depuis un an. La pochette nous a pris entre six et neuf mois d'élaboration, ajoute à ça des problèmes à la fabrication des cd... Pour résumer je ne retoucherais rien à cet album.

 

Des labels t'ont-ils contacté ?

 

Manu : J'en ai contacté une vingtaine, seulement trois ont répondu. Nuclear Blast, tout à son honneur, a répondu, ils le font systématiquement j'avais vécu ça dans les années 90 avec les démos évoquées lors de la première question. Apathia Records a répondu également, ça ne leur correspondait pas tout simplement. Season of Mist a répondu aussi. Pour eux c'était du bon boulot mais la réponse était bizarre « Qu'est ce que tu recherches ? Nous ne pourrons rien t'apporter.» Le grand boss a bien aimé mais pas assez pour une signature. Les autres n'ont pas répondu.

 

Showcase Cultura à Besançon - Mars 2015.

 

Le fait que ce soit un projet solo sans musiciens pour t'accompagner et faire des concerts a dû jouer en ta défaveur.

 

Manu : Oui, les labels vérifient tout et regardent ce qui traîne sur Internet. Contrairement aux années 70-80, un gars repérait un bon groupe en concert et la maison de disques s'occupait de tout : Enregistrement, tournage des clips, organisation des tournées, visuels... De nos jours un groupe doit venir avec tout sur un plateau chez la maison de disques avec l'album fini, le visuel, les photos, le clip tourné, la tournée organisée. Et encore le groupe doit mettre de l'argent de sa poche pour pouvoir tourner. Il est évident qu'un projet qui ne tourne pas les intéresse moins.

 

Tu as obtenu d'excellentes chroniques, est-ce une fierté ?

 

Manu : Oui, c'est surtout ça que je recherchais. Je voulais que les gens comprennent ma musique. J'ai eu peu de critiques négatives à part pour deux trois points que je vais, justement, régler. Les chroniques sur VS, sur Hard Rock Magazine etc c'est une fierté oui. C'est l'aboutissement, je pose mes couilles, j'existe et j'ai eu raison de le faire !

 

Tu répètes depuis quelques temps avec des musiciens, notamment Gaby.

 

Manu : Gaby à la basse, tableur sur Guitar Pro comme personne ne sait le faire. C'est juste impressionnant ! Les riffs les plus compliqués que j'avais du mal à enregistrer il les a compris en cinq minutes en mettant tout sur tablature de manière ultra rapide et efficace. Il y a des morceaux de sept minutes à tabler c'est quand même énormément de travail ! Il est ultra carré, comme moi, et fait les choses de lui même. J'ai de la chance d'avoir ces musiciens, ils savent ce qu'ils ont à faire sans que je leur dise. Ils ont conscience de l'investissement personnel à fournir,

Gaby : Nous avons l'envie aussi.

Manu : Oui, ils ont vraiment envie de faire, ça facilite grandement les choses. On part sur un projet qui ne nous fera pas vivre mais si on doit faire des concerts il faut que ça soit bien et qu'il y ait beaucoup de travail derrière. Je n'ai pas à me soucier d'emmener les musiciens avec moi. C'est un poids en moins, j'ai dû tellement être la locomotive au sein de groupes et tout emmener, là je me retrouve avec des gens qui avancent en même temps et au même rythme. Nous ne pourrons pas faire l'album de manière parfaite.

Gaby : C'est impossible.

Manu : Nous ferons au mieux et savons qu'il y a moyen de faire quelque chose de bien, il y a beaucoup de travail à faire. On a répété quelque fois, certains membres sont occupés avec leurs groupes respectifs, on va reprendre ça plus tard. Il nous manque un chanteur, je suis capable d'enregistrer les voix mais évidemment en studio on peut recommencer autant de fois que nécessaire. En concert il faut quelqu'un qui sait gérer sa voix et je ne sais pas faire. Avec la guitare ce n'est pas possible.

 

Tu peux nous parler des autres musiciens qui t'accompagnent ?

 

Manu : On a Gaby à la basse, il a joué dans Chronic, il est tout jeune.

Gaby : J'ai commencé en tant que guitariste, j'en fais depuis huit ans. Je me suis mis à la basse il y a trois ans et ça me passionne réellement. L'ambiance était bien dans Chronic, nous faisions des concerts mais le style de metal pratiqué ne me correspondait plus. Je me tourne davantage vers le progressif. Manu cherchait ses musiciens et j'ai postulé tout simplement. J'avais entendu parler de l'album mais ne l'avais pas encore écouté. Depuis il passe souvent dans la voiture, on s'y est mis ensemble. La priorité était de tabler les morceaux, il va falloir accorder les musiciens à Manu. Des partitions écrites et bien propres sont primordiales, on passe beaucoup de temps dessus. Avec Manu on se complète, il a une rigueur mélodique, une bonne connaissance du solfège et des partitions. Je suis à l'aise en terme de rythmique, de calage rythmique, remplir une partition, faire sonner un riff. Nous avons la chance d'avoir Tik qui est un excellent guitariste et Mathieu qui est un batteur incroyable. Nous sommes confiants.

 

Tik qui joue dans Slaughterers (Sloteteurs pour les intimes, rires), Mathieu qui joue dans Struck, Khynn et Slaughterers. Manu tu bosses sur deux albums, tu peux nous en parler ?

 

Manu : J'ai deux disques en cours, un album qui ressemblera à celui qui vient de sortir mais qui sortira plus tard, certains morceaux ne sont pas finis. C'est beaucoup plus extrême, ça va bien plus vite, c'est beaucoup plus technique mais ça reste dans cette veine mélodique à la Strapping Young Lad.

Gaby : C'est très sombre aussi.

Manu : Oui, quelque chose qui va dénoter par rapport à ce que je vais sortir prochainement, enfin on va dire avant. Je suis en train de faire une chanson qui va durer soixante, soixante dix minutes. Elle sera composée de plans qui reviendront régulièrement de manières différentes et je vais essayer que ce ne soit pas rébarbatif. Encore une fois il faudra beaucoup de recul et écouter à de nombreuses reprises au moins pendant 6 mois le même morceau même s'il sera subdivisé. Je suis extrêmement critique que ce soit par rapport aux autres et par rapport à ce que je fais. Il faut savoir que je ne suis pas bon public. Je me remets toujours en question et j'ai gardé beaucoup de choses qui me plaisent pour ce disque. Ça sortira peut-être fin 2017 ou 2018, le concept que je mets en place est compliqué, c'est très progressif, c'est extrême aussi. Il y a des tempos à près de 300 BPM et d'autres beaucoup plus lents. J'aime ce contraste qu'on peut faire, c'est comme si on mélangeait du katatonia très calme avec quelque chose de très bordélique à la Strapping Young Lad mixé avec du Napalm Death. Il faut que ça aille dans tous les sens comme une cascade de notes et après que ça ralentisse. C'est comme le Doubs (nous faisons l'interview au bord de l'eau, c'est plus agréable), une rivière peut être calme par endroit et plus loin c'est le bordel. Des fois il faut que ce soit le bordel, j'aime bien ce contraste. Musique violente ne veut pas dire sans qualité, le bordel peut être organisé mais ça prend du temps d'organiser le bordel. Gaby, Mathieu, ma copine m'aident à valider ce que je crois bon dans ce que je compose. Pour l'album suivant, je ne sais pas encore ce que ça va donner mais ça va ressembler au concept de l'album qui va sortir à savoir quelque chose ou il n'y aura jamais de blanc. Je ne sais pas exactement ou je vais aller, d'ici là les choses vont évoluer. J'achèterai bien d'autres instruments, je mettrais bien du saxophone, peu importe ! Il y aura toujours des guitares ça sera toujours metal mais ça sera quelque chose de plus personnel. On est toujours influencé par des choses c'est sûr...

 

Tu répètes avec tes musiciens actuellement. Si ça évolue bien, lorsque tu enregistreras, leur demanderas-tu de le faire ?

 

Manu : Je ne sais pas encore, si, au moins, on pouvait enregistrer la batterie complète ça serait vraiment bien. Par exemple je joue avec une basse 7 cordes, c'est assez compliqué.

Gaby : Une basse 7 cordes, c'est un bel investissement.

Manu : Et le temps de s'y mettre, on n'a pas le même âge, c'est normal que j'arrive mieux à faire certaines choses que lui. Dans l'absolu, enregistrer avec les musiciens, ça serait l'idéal mais avec ce que je mets en place c'est très compliqué. En plus ça demanderait de tabler tout ça ce qui sera loin d'être facile.

Gaby : On ne pourra pas faire quarante minutes de tab, le logiciel ne survivra jamais. Ça sera plus technique pour tous les instruments notamment du sweep à la basse, des mesures inspirées de Meshuggah. Il y a certaines techniques que je ne maîtrise pas à la basse que Manu utilise. Le tablage va nécessiter énormément de travail. Déjà pour la quantité d'instruments, il n'enregistre pas que deux fois la guitare.

Manu : Dans l'album que je viens de faire il y a des parties avec neuf guitares et d'autres avec quatre guitares. On aura moins d'empilements différents mais ça sera plus facilement discernable : des choses très techniques d'un côté et d'autres très simples. Ça ne sera pas simple à mettre en place. Enregistrer avec tous les musiciens ce serait l'idéal, il faut déjà mettre en place cet album là et ce n'est pas facile avec nos emplois du temps respectifs.

Gaby : C'est très dur à mettre en place le progressif, en plus d'être très difficile c'est très personnel. C'est énormément de travail. On doit s'imprégner de la façon de jouer de Manu, ce n'est pas évident. Jouer du progressif de manière carrée c'est un challenge en soi !

Manu : Il y a beaucoup de travail, on sait ce qu'on veut. Ces musiciens savent que ça va être long à mettre en place. On va essayer de le faire, de trouver un chanteur. Mener un groupe c'est compliqué. Je vais peut-être prendre des cours de chant. Ce groupe ne doit pas devenir une prise de tête. Il faut jouer de manière détendue et posée.

Gaby : Je pense que tu as trouvé les bonnes personnalités avec des gens qui ont des groupes qui fonctionnent très bien (khynn et Slaughterers). Tout le monde a beaucoup d'envie. Bien que Manu ait tout composé, on existe. On a tous envie d'emmener le groupe et de le faire jouer.

 

Lost Ubikyst In Apeiron en répétition.

 

Si tu ne trouves pas de chanteur, envisages-tu de faire une version uniquement instrumentale ?

 

Manu : Non, ça n'arrivera pas. Je préfère chanter même si ça ne sera pas aussi bien fait que sur le disque. Ça va être vraiment compliqué de chanter et jouer en même temps.

Gaby : Si tu te lances dans le chant en même temps que la guitare ça va être vraiment difficile vu la complexité des morceaux.

Manu : Il faut attendre que les choses bougent, Mathieu et Tik vont pas mal bouger pour Slaughterers, ce groupe peut faire des concerts tout de suite c'est donc normal que ce soit une priorité pour eux. Lost Ubikyst In Apeiron n'est pas une priorité pour l'instant mais avec le temps ça en deviendra peut-être une. Peut-être que quelqu'un de plus jeune que Gaby viendra faire le chant.

Gaby : L'âge n'est pas un critère, peut-être qu'on trouvera un mec avec beaucoup de talent.

Manu : Cet album n'aurait pas pu être joué en 2007 dans la région, personne ne savait jouer ainsi dans le coin à l'époque. Il faut attendre que les gens deviennent de bons musiciens, que les talents apparaissent, il faut savoir se montrer patient. Peut-être que le groupe ne se produira pas sur scène, à voir. Si les gens sont motivés, se montrent intéressés il faut essayer. Il faut être conscient de la difficulté de la chose, ça va être extrêmement difficile à mettre en place. Il y a des groupes compliqués, Between The Buried And Me est un bon exemple. Il n'y a pas des Devin Townsend à tous les coins de rue, on verra bien si on trouve un chanteur.

 

Si vous avez un dernier mot, c'est maintenant.

 

Manu : On va finir le saucisson et les bières (oui, nous étions bien au bord du Doubs), c'est notre dernier mot Jean Pierre (Gaby approuve).

 

(Petite photo souvenir juste après l'interview réalisée à Pontarlier, juin 2016)

 

http://www.lostubikystinapeiron.com/

https://www.facebook.com/LostUbikystInApeiron/

 

Trailer pour la sortie de l'album Abstruses Imbeciles Nailed On Slavery.

Publié dans Interviews

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L
Très très belle interview ! Vraiment :D
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