Interview Whoresnation

Publié le par Sebmetal

Salut les Whoresnation, merci de répondre à cette interview. Vous venez de jouer aux Passagers du Zinc (Besançon), c'était bien ce soir ?

Lopin (guitare) : Ouais !

Pibe (chant) : Ouais !

Tonio  (batterie) : Ouais, c'était cool !

 

On a remarqué qu'il manquait le bassiste, ou était-il ?

 

Pibe : Il était chez lui probablement parce que nous n'avons plus de bassiste.

Tonio : Nos chemins se sont séparés suite à une double procréation qui laisse peu de temps, au final, pour faire des conneries.

Lopin : Ce fut une séparation à l'amiable.

Pibe : Pour le moment nous n'avons plus de bassiste.

Lopin : Nous ne posterons pas d'annonce pour en récupérer un, nous piocherons parmi les gens que nous connaissons.

Tonio : On rencontrera peut-être quelqu'un, sait-on jamais.

Lopin : Je viens de voir une abeille qui jouait de la basse, je suis fin chaud (le groupe donnait un concert avec Attack Of The Mad Axeman groupe dont les membres sont déguisés en animaux).

Tonio : On aurait bien aimé embaucher l'abeille.

Pibe : Mais elle a du miel à faire !

 

Vous êtes adeptes du D.I.Y (Do It Yourself) en sortant régulièrement des K7, des splits. Est-ce un moyen de promouvoir régulièrement votre actu ou est-ce juste spontané ?

 

Lopin : Tout dépend des sorties.

Pibe : En terme de cassette, c'est un moyen de faire du contenu facilement et d'avoir des trucs à vendre même si c'est un aspect mercantile qui peut être à blâmer. Par exemple on a fait le repress de notre premier LP en K7, c'était clairement pour partir en tournée, afin d'avoir quelque chose, en plus, à mettre sur la table. On a fait un split avec un groupe qui s'appelle Farsas en cassette, on a mis un live c'était pour se faire plaisir !

Lopin : On a joué avec eux en Lituanie et c'était vraiment excellent. Ils avaient un gros son et avaient enregistré un studio tandis que nous nous concentrons sur l'enregistrement du prochain disque. On ne voulait pas que ça traîne alors on leur a proposé de mettre un enregistrement qui a eu lieu sur la tournée où l'on jouait avec eux.

Pibe : Si on veut utiliser ça pour faire de l'actu, de la communication c'est souvent des pétards mouillés, ça intéresse peu de gens, nous n'avons pas de réseau ultra développé. Pour les cassettes et les splits nous sortons peu d'exemplaires. Pour le dernier split sorti en D.I.Y nous avons fait 300 copies et toutes sont parties c'est cool. Le faire soi-même est le meilleur moyen de sortir facilement des choses.

 

Vous avez sorti pas mal de choses.

 

Lopin : Pas tant que ça, on s'est un peu reposé sur nos acquis. On a toujours privilégié de faire des dates plutôt que d'enregistrer. Je prends plus de plaisir à jouer en live et à rencontrer des gens. L'enregistrement ce n'est pas ce que j'aime le plus. Ça va faire 8 ans que Whoresnation existe, on aurait pu faire davantage si on avait fait moins de concerts mais je ne regrette absolument rien, c'est vraiment cool !

Pibe : Il se passe des choses tous les deux ans en fait.

Lopin : C'est ça, des sessions !

Tonio : C'est planifié !

Pibe : C'est un plan de carrière (rires).

 

 

En parlant de plan de carrière, quels sont vos projets ?

 

Pibe : Nous travaillons d'arrache pied sur un nouvel album.

Lopin : Le seul truc un peu excitant dans la vie du groupe, en ce moment, ce sera lorsqu'on annoncera la sortie du disque et du label. C’est un pétard mouillé aussi mais ce n'est pas grave !

Tonio : Les compos du nouvel album sont cools, on va prendre le temps de travailler davantage par rapport à nos précédentes sorties.

Pibe : Vingt minutes de grind.

Lopin : Ce qui représente ni plus ni moins qu'un set.

Tonio : Je pense que ça suffit.

Pibe : Plus de vingt minutes ça serait ennuyeux, je ne sais pas ce que tu en penses ?

 

Perso ça ne me dérange pas, plus ça me va aussi !

 

Lopin : Ma limite c'est trente minutes sur tout, peu importe le style.

Tonio : Trente minutes c'est la limite haute surtout pour le genre un peu bas du front blast beats non stop.

Pibe : Nous allons enregistrer dans le Doubs et le ferons mixer en Suède. On le sortira en vinyle, en cd et en k7 lorsqu'on aura besoin de partir en tournée.

Tonio : On a, récemment, vu un groupe qui vendait des VHS dans le merch et c'est la classe ! Evil Invaders en Belgique ! Très très dodoss !

Pibe : Quand on dit dodoss c'est metal.

Lopin : Oui c'est le metal et les metalleux en général.

Pibe : Ce qui ne veut rien dire.

Lopin : Nous sommes très portés sur la linguistique.

Pibe : On a aussi relancé le terme "pignouf'" en France.

Tonio : Dans quelques années, si ça continue notre meilleur souvenir sera d'avoir transmis le terme dodoss.

Pibe : Pour revenir à la question l'actualité c'est la tournée mondiale : Couvrir du Japon aux Etats Unis en évitant la Russie et le Kazakhstan.

Tonio : J'ai peur de la Russie.

Lopin : Si on nous propose un bon plan avec une bonne mentalité oui.

Pibe : En jouant dans l'aéroport, dans le terminal, sur le territoire Russe et on repart direct après le dernier coup (rires).

Tonio : On va essayer de tourner plus que cette année.

 

L'an passé vous avez tourné en Amérique du Nord, pouvez-vous nous en parler ?

 

Pibe : On est parti sur une date : le Maryland Deathfest et on a brodé autour. C'est un ami du Canada qui nous a permis de nous rendre à l'autre bout du monde.

Lopin : Nous devions tourner au Canada à la base, un groupe Canadien nous avait contacté pour faire une tournée là bas ; ils étaient plutôt cools et souhaitaient faire un échange : « Faites-nous jouer en Europe et on vous rendra la pareille chez nous ». On a décidé de faire ça en 2016, notre ami a pu nous booker au Maryland Deathfest.

Tonio : C'est prestigieux, c'est bizarre de voir le nom de notre groupe sur une telle affiche !

Pibe : C'est sympa quand tu joues et qu'ils n'ouvrent pas les portes avant le troisième morceau.

Lopin : Il n'y avait pas grand monde au concert. C'est la seule fois où quand on remballait le matos y avait une file d'attente pour acheter du merch.

Pibe : Alors qu'il n'y avait personne.

Lopin : Y avait quand même des gens mais par rapport à la taille de la salle ça représentait que dalle. Toute la journée des festivaliers ont acheté des trucs car ils ont entendu dire que c'était cool ! Ce qu'on vendait en merch c'était le prix d'une mauvaise canette en alu sur le festival, c'est un festival sans sponsor mais tu sais ou ils trouvent l'argent, ça donne pas envie de boire.

Pibe : Les canettes aux Etats-Unis c'est le stress, tu peux pas boire partout.

Lopin : C'est encore pire au Canada.

Tonio : Je me suis, quand même, fait pourchasser par un mec de la sécu parce que je voulais boire une bière en fumant. Tu peux fumer uniquement dehors, même pas sur la terrasse.

Lopin : L'astuce c'est de fumer sur le trottoir, de poser sa bière vers des pots de fleur et de boire discrètement. Pour revenir à la tournée, c'était, curieusement, facile à booker, Les gens sont curieux de voir un groupe Français qui demande à jouer. Les plans étaient cools, concrètement on avait à manger et à boire, ça nous a pas trop changé de l'Europe, c'était D.I.Y et vraiment cool.

 

Vous avez réussi à avoir des dates supplémentaires une fois sur place.

 

Pibe : La tournée était loin d'être bookée mais on a réussi à trouver des dates en plus.

Tonio : Pour nous ça a été plus difficile de trouver des dates au Canada qu'aux Etats-Unis.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vous disiez que vous n'avez pas une grosse fanbase tout à l'heure mais pour un dodoss

comme moi vous faites partie des incontournables de la scène grind, ça vous fait quelque chose d'entendre ça ?

 

Tonio : On ne s'en rend pas compte.

Pibe : Il y a peu de groupes de grind en France qui tournent beaucoup. On donne beaucoup de concerts et ça joue en notre faveur. Ça reste un style de niche.

Tonio : Avant je faisais uniquement du brutal death et n'écoutais pas toute cette scène très portée sur le D.I .Y, ce style est plein de libertés et c'est intéressant.

Lopin : ça peut plaire aussi bien aux metalleux, aux punks, aux fans de hardcore, les gens qui apprécient la musique portée sur les émotions violentes.

Tonio : Le style me plaît en tant que pur dodoss.

Lopin : C'est lui le roi des dodoss.

Tonio : Lopin m'a montré ce qu'était un D-Beat « ah ouais, je comprends rien ».

Lopin : Je lui ai montré un plan punk de base et ça m'a fait rire de voir qu'il n'arrivait pas à le jouer malgré son niveau.

Tonio : J'écoutais Nasum, Blockheads et compagnie avant de jouer dans Whoresnation mais je n'avais jamais essayé à ce genre de truc, j'ai galéré mais faut que ça chie, c'est le leitmotiv !

Lopin : FQCC !

Pibe : FQCC !

(FQCC = Faut que ça chie!)

Lopin : Faut que ça Chiens !

Tonio : Le premier concert que j'ai fait avec Chiens, j'ai pris une énorme calotte !

Pibe : Le grindcore a mauvaise presse, plein de gens voient ça comme juste du bruit alors qu'il y a plein de bons musiciens qui ont de nombreuses influences. Pour revenir à la question c'est cool, on aimerait toucher plus de gens qui ne sont pas forcément adaptes du style. C'est sûr que lorsque tu fais un concert dans le New Jersey et qu'il y a 40 pignoufs qui viennent te voir c'est génial. Les mecs nous connaissent mais ce sont des mecs qui écoutent du grind ;

Lopin : C'est un réseau.

Pibe : On aimerait toucher davantage de gens.

Lopin : On aimerait toucher un public plus large avec sincérité (pendant ce temps là Tonio vapote mais je rassure les fabricants de clopes, Whoresnation fume de vraies cigarettes).

Tonio : Quand le groupe de ce soir, par exemple, me dit qu'il est trop content de jouer avec nous j'hallucine totalement. Je suis toujours surpris.

Lopin : Quand on part en tournée on prend du plaisir, à force de prendre du plaisir ça parle aux gens .

Pibe : C'est cool !

Tonio : On se fait plaisir, il n'y a pas d'autre but ! Les millions sont importants !

Lopin : C'est juste pour les coups de caisse claire pas pour les euros (rires).

 

Comment situez-vous la scène grind par rapport à nos voisins Européens ?

 

Lopin : On ne se rendait pas compte de l'impact des groupes quand on était ados.

Y avait des gros trucs à l'époque.

Pibe : Il y a des formations légendaires : Blockheads, Inhumate, plein de groupes ont marqué même Vomit Yourself au tout début. Ce sont des groupes qui ont joué, qui jouent encore et qui ont une longévité exemplaire mais qui n'ont jamais trop tourné. La démarche est différente des groupes Américains, par exemple, qui vont jouer à fond pendant trois ans et qui vont splitter. Il y a deux ans il y avait une putain d'effervescence au sein de la scène grind Française avec beaucoup plus de tournées de groupes, là je trouve que c'est un peu mort. C'est un point de vue pessimiste, je ne connais pas tous les groupes, certains ont l'air de tourner comme Bain de Sang. Nous sommes dans l'Est de la France alors on a plus tendance à se barrer en Suisse, en Allemagne.

Lopin : On est à côté de la Suisse, de l'Allemagne, il y a plein de réseaux alternatifs et c'est facile pour nous de jouer là bas. On met autant de temps à aller en Pologne qu'à se rendre à Bordeaux ! C'est plus simple de partir dans l'Est.

Tonio : Y a du monde à chaque concert.

Lopin : La situation géographique est, évidemment, importante, nous n'aurions pas pu tourner autant si le groupe était originaire de Paris.

Pibe : Des formations tuent comme Vomi Noir de Toulouse mais ce groupe ne fera jamais de tournée je pense. C'est une sorte de prison à cause de frais de péage, de distances.

Lopin : Je ne pense pas, nous la musique c'était un leitmotiv pour faire des dates. Certains groupes veulent juste aller au bout d'un concept sonore et visuel.

Pibe : T'es en Bretagne et tu veux aller jouer en Allemagne faut te lever tôt !

Tonio : Faut trouver des dates, s'y rendre et s'y retrouver financièrement, Tu ne peux pas te permettre de perdre 300 / 400 balles de ta poche par tournée.

Pibe : En terme de qualité, les groupes sont vraiment pas mal.

Tonio ; Les groupes qui tournent sont hyper solides.

Lopin : On nous en parle souvent, je trouve la scène grind Anglaise monstrueuse. Le niveau des types est hallucinant et les mecs sont hyper gentils. Ils font un truc tout simple mais ça poutre. Le grindcore est né là bas après tout…

 

Je vous laisse conclure :

 

Pibe : Merci pour l'interview.

Lopin : Tu n'as le droit de publier l'interview que si on joue à Pontarlier.

Tonio : ça nous tient à cœur.

Pibe : Au Café du Théâtre

Lopin : On fait du death metal old school à haut tempo.

Tonio : ça c'est important !

(Discussion intense sur le terme leitmotiv)

Tonio : La linguistique est importante chez Whoresnation, ça résulte des nombreuses heures de route à conduire comme des gros cons.

Lopin : On est fan des jeux de mots.

Pibe : Quand t'es seul sur la route, t'as des heures à passer avec les mots.

Lopin : L'autre coup on a joué à Bordeaux, c'est devenu « Goredeaux», malheureusement ça nous fait le week end, on est assez stupide. On a emmené un copain ce week end là, à la fin il était crevé. Quand on l'a quitté sur le parking on lui a dit « gors bien ».

Tonio : Des fois ça dure un peu beaucoup.

Pibe : On est complètement cramé.

Lopin : On connaît bien le réseau routier Européen.

Tonio : On a fait boire du Pontarlier (boisson locale à base d'anis) à des Américains ! Monsieur Guy on vous a promu ! Le continent Américain n'est pas super fan du Pontarlier.

Pibe : Le plus gros bide c'était en Angleterre, on a emmené du Pontarlier et on a dû finir la bouteille seuls comme des cons.

Lopin : Une anecdote bien Franchouillarde pour conclure : première boisson alcoolisée qu'on a bu tous ensemble, ever, aux Etats Unis c'était dans un bar du New Jersey.

Tonio : C'était gros Tony au bar.

Lopin : Un ancien bar Italien devenu salle de concert, le type « Vous êtes Français ? Goûtez ça » et le mec nous sert des pintes de ricard sans eau. Il était étonné que ses clients n'aiment pas. C'était assez drôle de voir cette boisson là bas, outre Atlantique elle a un autre goût !

 

(Petite photo souvenir juste après l'interview réalisée à Besançon, octobre 2017)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

http://whoresnation.com/

https://www.facebook.com/vvhoresnation/

 

Whoresnation, live @ OEF, juillet 2014.

Publié dans Interviews

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article